22ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 28 août 2023Prenons notre croix derrière Jésus
Pistes pour l’homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche sont un appel à suivre les pensées de Dieu qui ne sont pas celles des hommes. C’est ce qui s’est passé pour le prophète Jérémie. Dieu lui a confié une mission extrêmement difficile. Il a été envoyé pour appeler le roi, les prêtres et le peuple à se convertir. Il leur annonce de la part de Dieu que leurs fautes auront des conséquences dramatiques. À plusieurs reprises, le prophète a essayé de se soustraire à cette mission qui lui a causé bien des ennuis. Mais c’est comme un feu dévorant qu’il ne peut maîtriser. Il a été séduit par plus grand que lui. Dans toutes nos épreuves, le Seigneur nous apprend à nous abandonner avec amour à lui.
Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de Paul. Nous savons qu’au départ, il pensait sauver l’honneur de Dieu en persécutant les chrétiens ; mais un jour, il a été saisi et entièrement transformé par le Christ. Il a abandonné ses certitudes pour s’ajuster au vrai Dieu qui est amour. Aujourd’hui, il nous recommande de ne pas prendre pour modèle le monde présent. Ce qui est important, ce n’est pas ce que nous pouvons penser mais ce que le Seigneur nous dit dans son Évangile ; c’est pour nous un appel à renoncer aux idées du monde et à changer nos cœurs et nos esprits afin de pouvoir discerner la volonté de Dieu.
Avec l’Évangile, nous arrivons à un moment crucial de la vie de Jésus : il vient de vérifier que Pierre et les autres disciples croient en lui comme Messie. Mais nous nous rappelons que cet évangile se terminait par la consigne du silence. Aujourd’hui, nous comprenons mieux pourquoi. C’est vrai, Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Mais dans l’esprit de Pierre, il y a une confusion : Comme la plupart des gens de son pays, Pierre attendait un Messie qui prendrait le pouvoir et chasserait l’occupant romain de son pays. Or voilà que Jésus annonce qu’il doit “partir à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter”. Jésus est un Messie qui va mourir de mort violente. Le supplice de la croix était la torture la plus terrifiante. Pour les juifs, c’était le sommet de la honte. C’était le signe visible de la malédiction divine.
Nous comprenons la réaction de Pierre. Peu de temps auparavant, il avait vu Jésus transfiguré “sur la montagne sainte” et il avait entendu la voix du Père disant : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le.” Aujourd’hui, Pierre ne comprend plus. Il refuse le destin tragique d’un Messie promis à la croix et il le dit. Jésus le réprimande car ses pensées ne sont pas “celles de Dieu mais celles des hommes”. Sans se rendre compte, il joue le rôle de Satan, le tentateur. Il barre la route à Jésus au lieu de le soutenir et de marcher avec lui. Et nous trouvons là ce qu’on pourrait appeler le premier reniement de Pierre.
Comprenons bien : La tentation d’aujourd’hui est terrible : Jésus doit se défendre contre ses amis les plus chers, en particulier contre Pierre. Croyant bien faire, ces derniers l’appellent sur un autre chemin que le chemin pascal. C’est alors que Jésus élargit son propos : Si Pierre a cette réaction c’est parce qu’il n’a pas compris ce que veut dire “être disciple”. Une mise au point s’impose. Il est impossible d’être sauvé sans accepter de “perdre sa vie” et de s’en remettre à Dieu. Ce sont les paroles mêmes de Jésus. Nous vivons dans un monde qui recherche la gloire, les honneurs et surtout l’argent. Mais le risque est grand d’oublier que nous sommes nés pour aimer. Dieu qui est amour nous a créés pour nous rendre participants à son amour. Il nous appelle à progresser dans l’amour et à offrir notre vie par amour pour Jésus.
Cet évangile nous rejoint dans ce que nous vivons, en particulier dans nos tentations. Comme Pierre, il nous arrive souvent de nous éloigner des pensées de Dieu. Nous rêvons un peu trop d’une Église triomphante. Le pape François nous met en garde contre le risque d’être des “mondains” en nous laissant entraîner par les idées du monde. À ce moment-là, nous devenons comme le sel qui vient à s’affadir. C’est ce qui se passe quand le chrétien dans la mentalité du monde. Là encore, le pape nous dit que ces chrétiens ressemblent à du vin coupé avec de l’eau. On ne sait pas s’ils sont chrétiens ou mondains. Ils sont comme le sel qui perd de sa saveur parce qu’ils sont livrés à l’esprit du monde.
Voilà ces textes bibliques qui nous provoquent à nous ajuster à Dieu et à son projet. C’est une conversion de tous les jours qui ne sera possible que dans la méditation de l’Évangile chaque jour et dans la prière. Si nous le voulons bien, le Christ sera toujours là pour nous guider sur le chemin de la vie et nous accompagner dans notre lutte contre la tentation. Avec lui, les forces du mal n’auront jamais le dernier mot. Il en a été victorieux et il veut nous associer tous à sa victoire.
C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons chaque dimanche pour célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Grâce au don qu’il nous fait, nous apprenons à ne pas nous conformer au monde mais à lui et à son amour. En lui, nous entrons dans une vie féconde source de joie et de partage, source de paix et d’amour. La Vierge Marie nous précède sur ce chemin ; laissons-nous guider par elle.
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